A la maison

Une curiosité intellectuelle difficile à gérer

La curiosité des jeunes à hauts potentiels suscite de nombreuses réflexions. En effet, il est bien agréable pour des parents d’avoir un enfant qui a soif d’apprendre, mais quand les repas ou les soirées ne sont plus qu’une suite d’interminables questions auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre, cette curiosité devient parfois embarrassante : les parents se demandent s’il est bon de répondre à toutes les interrogations et peuvent se sentir quelques fois dépassés.

Certains d’entre eux se sentent démunis face à ce foisonnement de questions, d’autres consacrent du temps pour se documenter et tentent ainsi de ne pas frustrer leur enfant. On peut se demander s’il est toujours adéquat de se mobiliser de la sorte ? N’y a-t-il pas plutôt lieu de leur apprendre à trouver des moyens de répondre à leur propre questionnement avec l’aide de l’adulte en un premier temps ?

D’autre part, pour une partie de ces jeunes, les interrogations incessantes viennent masquer une grande anxiété qu’ils ne peuvent gérer autrement que par la sollicitation de leurs parents. En effet, ils utilisent alors l’intellect pour contrôler des émotions auxquelles ils n’arrivent pas à se donner accès.

Accompagner le jeune dans sa curiosité intellectuelle est donc une approche toute en nuance pour l’accompagner dans son épanouissement tant intellectuellement qu’affectivement.

Une place dans la famille

La présence d’un enfant à hauts potentiels au sein d’une famille mobilise bien légitimement une grande part de l’attention des parents. Les décisions à prendre sur le plan scolaire, la curiosité intellectuelle que nous venons d’évoquer ou le mal-être de l’enfant sont autant de sujets qui demandent beaucoup de temps pour être traités avec soin.

Cette situation particulière provoque parfois une certaine jalousie au sein de la fratrie, qui peut également se sentir dévalorisée. Le rang de l’enfant au sein de celle-ci, le nombre de frères et sœurs présents dans la famille,… influenceront la qualité des relations entre les différents enfants. L’aîné, par exemple, qui verra souvent son rôle mis à mal par la présence d’un enfant à hauts potentiels de deux ans son cadet, pourrait plus facilement perdre confiance en lui. Cependant, un dialogue ouvert au sein de la famille sur la question du hauts potentiels et sur les besoins de chacun permet généralement d’éviter ce genre de dérives.

Les parents d’un enfant à hauts potentiels sont également amenés à remettre constamment en question leurs principes éducatifs. Par une logique implacable, ce type d’enfant négocie les décisions, argumente sans cesse pour comprendre la règle (et/ou en trouver les failles), relève toute divergence de points de vue entre les adultes, leur demande sans cesse des explications et des justifications, …ce qui peut être source de tensions pour la famille.

S’ils sont souvent mis à mal, les parents de l’enfant à hauts potentiels restent cependant le point de repère, la sécurité de celui-ci. Cette attache est, pour ce type d’enfant, d’une importance capitale au vu de leur anxiété exacerbée et de leur grand besoin d’affection. Le but de leurs comportements, qui paraissent insolents, est souvent d’être rassuré sur la stabilité de cette sécurité, mais les actes posés sont parfois difficiles à décoder…

Ces quelques exemples montrent combien la gestion de ce type d’enfant au sein d’une famille demande beaucoup d’énergie et de réflexion. S’il est vrai que les points évoqués ci-dessus s’expriment de manière particulièrement aiguë dans le cadre familial, ils peuvent également trouver d’importantes résonances dans les autres cadres de vie de l’enfant (scolaire et extrascolaire).

Au niveau social

L’aspect social peut être vécu de manière très différente selon les différents profils du jeune à hauts potentiels.

Par exemple, l’un peut vivre un véritable leadership, l’autre des difficultés d’intégration sociale, un troisième ne recherchera que la compagnie de jeunes plus âgés.

Leadership

Ce type de jeune a développé très tôt des compétences sociales. Sa capacité à s’exprimer clairement, à argumenter, sa créativité en général et dans les jeux en particulier, en font un enfant dont on recherche la compagnie. Son sens de la justice peut aussi en faire un justicier très apprécié.

La difficulté d’intégration

La curiosité intellectuelle l’amène souvent à avoir des possibilités de raisonnement ou des centres d’intérêts différents de la majorité des enfants de son âge. Se sentant différent, l’enfant va souvent s’isoler, parfois même s’enfermer dans des activités solitaires. S’excluant du groupe, il lui est ensuite difficile d’y trouver des amis. Mais ce n’est pas toujours le jeune qui est à l’initiative de cet isolement. Essayant de s’intégrer au groupe classe, il mettra parfois entre parenthèses ses intérêts et ses possibilités afin de « gagner » l’amitié des autres. Lorsque ses résultats scolaires sont brillants, il peut susciter envie et jalousie et devenir le jeune stigmatisé comme « l’intello ». Il peut devenir dans ce cas, un véritable souffre-douleur.

La recherche de jeunes plus âgés

Afin de trouver un interlocuteur intéressé, l’enfant à hauts potentiels peut aussi rechercher la compagnie d’enfants plus âgés ou d’adultes. Ceux-ci, possédant un niveau de raisonnement plus proche du sien, lui permettent de faire des rencontres enrichissantes mais rarement d’engager une relation amicale suivie.

Par exemple, deux enfants de 9 et 13 ans peuvent avoir des intérêts communs : une passion pour l’astronomie, la préhistoire,…mais cela ne veut pas dire pour autant que les autres niveaux d’intérêts et de développement seront équivalents. Le jeune à hauts potentiels peut alors se sentir mal à l’aise. La période « préadolescente » est une époque particulièrement cruciale car le jeune peut se sentir en décalage important par rapport à des sujets de préoccupations, notamment sexuelles, de ses amis plus âgés.

Le besoin d’activités extra-scolaires

Si tous les jeunes sont différents dans leurs envies et leur tempérament, un trait de caractère commun se retrouve chez la majorité d’entre eux : une grande curiosité.

Guider l’enfant dans ses choix de lecture, lui donner la possibilité d’accéder au monde multimédia, de découvrir de nouvelles technologies, lui permettre de visiter des musées, des expositions, d’aller au cinéma, de faire du sport, … sont des activités qui devraient être favorisées.

Qu’il s’agisse d’activités intellectuelles (lecture, visite de musées ou de lieux culturels, participation à des activités d’animation scientifique, …), sportives (sports d’équipe ou individuels), artistiques (musique, dessin, …), ludiques (jeux soumis à des règles strictes, TV, jeux vidéo, cinéma, cuisine, …) ou encore de type associatif (mouvements de jeunesse et autres), ces activités ont souvent un retentissement favorable sur les relations sociales.
L’aspect psychomoteur de l’activité peut parfois être mentionné et indique le bénéfice que le jeune peut en tirer.

Les difficultés rencontrées lors des diverses activités peuvent être de plusieurs ordres : abandon de l’activité lors d’une crise identitaire, succession d’essais, difficultés d’intégration voire mal-être dû à la collectivité, sensibilité à l’échec ou à l’exigence des animateurs… Souvent considérées comme ressources, soulignons que ces activités – quelle que soit leur nature – représentent également un coût non négligeable, en ce compris le temps consacré par les parents à l’accompagnement du jeune. Ajoutons encore que malgré leur soif de découverte les enfants à hauts potentiels ont aussi besoin de moments creux. Ceux-ci sont en effet importants pour penser, se construire et favorisent la créativité.